La maison du pays d'Auray porte le nom du Roi Stevan (ti er roué Stevan, en référence à un prophète mendiant qui vécut en pays vannetais au siècle des lumières, et qui marqua profondément la mémoire de ce pays. L'association Ram'Dam assure son animation, par des actions de collectage, mais aussi en suscitant des rencontres lors de manifestations comme les quartiers de lune. 

 

Chronique des murets de Pierre
Suhun ketañ a dilost-hañv
Première semaine de l'automne
21 - 28 septembre 2002

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Eugène nous a quitté...


A Merlevenez, lors de la manifestation contre la porcherine du Maneguen.

 Il s'en est allé, Eugène, discrètement. Pourtant, ce n'était pas son genre. Avec ses chemises à fleurs, ses chapeaux, sa Floride verte, l'ancien maître-patissier étellois ne passait pas inaperçu. Son ardeur combattive, sa vivacité d'esprit, sa curiosité et son humour ne laissaient pas indifférent.

Homme de conviction, Eugène Devrand était de toutes les causes. Pour défendre la Liberté, il était à la Bastille en 1936, puis il s'est fait Résistant pendant la guerre. Depuis, bardé de décorations, qu'il portait avec un air un peu désabusé mais aussi beaucoup de respect, il participait comme porte-drapeau à toutes les cérémonies patriotiques, avec toujours en mémoire ses copains de combats disparus.

Puis il s'est battu ardemment pour préserver la Bretagne des souillures d'une folle modernité qu'il jugeait sévèrement : écologiste militant, il était au premier rang des manifestations contre la centrale nucléaire prévue à Erdeven, il s'est longtemps occupé des pêcheurs à pied de la ria d'Etel, et cette année encore, à 85 ans, il a manifesté à Merlevenez contre la porcherie de Fortuné Le Calvé et à Belz contre le projet d'épandage des boues de Quiberon sur sa chère campagne de Keryargon : "C'est de la poison", disait-il à qui voulait l'entendre.

Eugène s'investissait également beaucoup dans la vie associative ételloise, préparant le manequin du carnaval de l'amicale laïque, participant aux kermesses et fêtes locales avec enthousiame et générosité.

Là où il est parti, nul doute qu'Eugène a déjà retrouvé ses frères de luttes, et qu'au paradis des copains, il continue ses combats, entre hargnes et éclats de rire.


Avec son copain Alexis lors du rallye de Pâques 2002 des voitures anciennes à Etel.