La maison du pays d'Auray porte le nom du Roi Stevan (ti er roué Stevan, en référence à un prophète mendiant qui vécut en pays vannetais au siècle des lumières, et qui marqua profondément la mémoire de ce pays. L'association Ram'Dam assure son animation, par des actions de collectage, mais aussi en suscitant des rencontres lors de manifestations comme les quartiers de lune. 

 

Chronique des murets de Pierre
Unnegved suhun a dilost-hañv
Onzième semaine de l'automne
29 novembre
2002 - 4 décembre

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Je suis allé flâner sur les bords de la rivière du Bono. Le petit sentier côtier aménagé sur la rive côté Pluneret est praticable. Il pleut moins depuis quelques temps et le froid tarde à venir. Les feuilles s'accrochent plus ou moins désespérément aux branches des châtaigniers et des chênes. Il faudra quelques bonnes gelées pour faire lâcher prise aux dernières. Il y avait du monde à se promener en cet après-midi ensoleillé. J'ai donc pu faire mon crâneur. Mais, savez-vous pourquoi ?

Eh ben, c'est parce que j'ai trouvé au bord du sentier un magnifique cèpe : le dernier mais sans doute le plus beau de la saison. 1kg100 qu'il faisait et pas un ver ! Je n'ai pas fait comme le gars de Merlevenez. Sitôt vu, sitôt pris ! Il était magnifique mon cèpe et en plus, c'était une curiosité de la nature : une tête et deux pieds, lourds et bien blancs. J'ai failli faire le tour du bourg en sifflant... comme Claude Borgnic autrefois sur la ligne.

La ligne, c'est le petit chemin forestier qui longe le champ de mon pépé du Vamen à Pont-Mouton. Les gens l'appellent ainsi car le petit train qui s'époumonait de Port-Louis à Hennebont, y passait. Claude, c'était mon copain mais mon principal concurrent dans la cueillette des champignons. Si, par malheur, je l'entendais arriver en sifflant sur la ligne, je savais qu'il avait trouvé une sacrée godaille. Il sifflait pour me narguer. Bien sûr, son sifflet avait la vertu de m'exciter et de me foutre en boule. Pire ! une fois, il s'est même permis d'offrir quelques cèpes à ma mère. «La honte sur mon paletot ! ! !» Ce fut le pire des affronts qu'il me fit subir.

En tout cas, j'ai débité mon beau champignon et je l'ai mis au congélateur pour Noël. En effet, le temps passe et nous voilà en décembre. «Miz kerzu» en breton unifié mais «en avent» pour les vannetais qui comme à l'accoutumée ne renient pas la foi de leurs ancêtres.

L'avent est cette période qui précède et annonce la fête de la nativité.

Je vous avait dit, à la Toussaint, sitôt les chrysanthèmes rangés, on allait voir nos villes se faire enguirlander. Je ne pensais pas si bien dire : depuis quelques jours nos employés municipaux sont sur le pied de guerre, à pied d' oeuvre et au pied des échelles. Même les simples citoyens s'y mettent et après les concours de pétunias et de géraniums, on envisage désormais de lancer des concours de maisons décorées kitch'Noël. Devant tant de lumières, les rois mages risquent de se perdre : on ne voit plus les étoiles. Est-ce Bethléem ? Est-ce Las Vegas ?


Le dauphin des bélugas...

Il y a des fois, je suis quand même bien obligé de rigoler. Le petit Jésus lui même, y perdrait son latin. A Belz par exemple, ils ont confondu Noël et le Poisson d'avril. C'est peut-être pour faire plaisir aux bélugas ou encore aux pêcheurs de bars de la rivière. Peut-être est-ce un prélude à l'exposition de crèches maritimes de l'association Autrefois-Etel ?

Il y ont mis un dauphin, un de ces magnifiques mammifères marins stylisé en tubes à néon. Somptueux qu'il est, là debout sur sa queue ! A moins qu'il ne s'agisse d'un saumon, le poisson roi des fêtes ? En tout cas, il n'en a pas la couleur.

Je ne voudrais pas jouer au prophète de mauvais augure mais je me demande s'il va passer l'année... ou la nuit du réveillon. Avec tous les gais lurons qu'il y a dans le secteur, cela ne m'étonnerait pas qu'on lui fasse le coup du chat noir comme à Saint Philibert.

Je pense qu'il va être urgent d'organiser des charters vers l'Alsace ou l'Allemagne pour nos adjoints à la culture et aux guirlandes : la tradition des marchés et des décorations de Noël y est plus ancienne que chez nous et il y a une certaine unité dans le décor. Dans tout ce clinquant et ce scintillant, entre bric à brac et troc et puces de bric et de broc, j'en arrive à regretter mon orange et ma petite bougie.