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<< Page de la semaine - Mémoire du temps qui passe >> L'écomusée de Saint-Dégan a reconstitué dans sa petite chaumière les petites veillées d'antan. Le public s'y est blotti au coin de l'âtre et l'atmosphère un brin frisquette s'est doucement réchauffée au gré des histoires, contes et chansonnettes. Il y a des ambiances qui contrastent avec bonheur aux scintillements guirlanderesques qui nous assaillent désormais à chaque rond-point anglais. On ne sait plus si c'est Noël ou si c'est 14 juillet. Ah qu'il est loin le temps où mon paotr loreu me faisait des chaussettes sèches, archisèches... Un «paotr loreu» est un petit dispositif en bois sur lequel on enfilait les chaussettes des petits garçons et petites filles régulièrement trempées par le pipi. A l'époque, les mouflets ne portaient pas de culottes et la fraîcheur ambiante favorisait les fuites : rien ne valait une bonne flambée pour sécher les chausses et cotillons rapidement rincés. Une légende, cette année, n'aura pas résisté aux outrages du temps. On raconte que lors de la nuit de Noël, les pierres de Kerguézec en Plouhinec vont boire à la rivière d'Etel et ceci à grandes enjambées pendant les douze coups de minuit. Celui qui, pendant ce temps, ose traîner sur la lande, aurait la possibilité d'embarquer le trésor que les menhirs découvrent alors. On raconte que les richesses sont telles que personne n'en est revenu car au douzième coup de minuit, les roches à bonds de géants écrasent les infortunés éphémères fortunés. Le trésor reste alors en lieu sûr. Cette année, les pierres n'ont pas bougé ou peut-être si... en tout cas, les cloches n'ont pas sonné car le clocher menace de s'effondrer. En remettent en place Coquinec, le coq girouette mis à mal par un sale coup de vent, les artisans ont constaté que le clocher menaçait de s'écrouler. Tempêtes et coups de boutoirs successifs avaient ouvert de larges fissures dans ce qui nous était toujours apparu comme un inébranlable ouvrage. Le tremblement de terre du mois de septembre avait sans doute aussi aggravé le mal. Un arrêté municipal promulgué illico-presto cloua pour de long mois le bec, non de notre coq, mais celui de nos cloches. Nous n'entendîmes donc point pendant la nuit de l'avènement tintinnabuler nos séculaires clochettes. Mais après tout, peut-être était-ce l'unique année où il eut été possible d'embarquer l'or et les pierreries des menhirs de Kerguézec. On raconte que les pierres ne vont boire à la rivière qu'une fois l'année : elles n'avaient, cette fois, pas d'heures pour rentrer...
...ou peut être bien encore, le trésor serait sous le clocher... << Retour en haut de la page << Page de la semaine - Mémoire du temps qui passe >> |
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