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Ce vendredi 18 octobre, il y avait du monde à la chapelle de Saint-Fiacre entre Merlevenez et Plouhinec. La semaine Bleue suivait son cours avec son chapelet d'animations. Nous étions restés discuter bien tard avec les anciens l'autre soir à la M.A.R.P.A. de Merlevenez. Rémi Cochen avait séduit son auditoire : les pensionnaires étaient bien contents de ne pas s'être couchés de bonne heure comme à l'accoutumée. Rémi nous avait proposé un «tro-Breizh» des légendes et avait envoûté tout un chacun. On ne pouvait quand même pas dire que son accent était bien de chez nous. Normal, il est du Centre-Bretagne.
A la chapelle, c'était cette fois un concert de chants et de musiques traditionnelles qui était proposé. C'est Jean Le Meut qui officiait entouré de ses deux fils, Michel et André. A l'accordéon, Samuel le Hénanff et au biniou-koz, Dominique Le Blay complétait le fameux quintet Les deux Catherine, animatrices à Port-Louis, avait accompagné notre équipe de ramasseurs de châtaignes pratiquement au grand complet. Notre équipe d'anciens semblait trouver goût à ces escapades nocturnes leur rappelant les filaj d'antan. Du monde était venu des quatre coins du canton. Aubin Le Moing, de Kerfourcher, n'en revenait pas de cette affluence. Aidé de Théo et d'Alphonse Bouter, ses deux fidèles complices, il avait durant l'après-midi, monté un petit chapiteau, histoire de se mettre à l'abri pour la dégustation des infusions et des gâteaux que nos noctambules port-louisiens avaient confectionnés dans la journée. Bien entendu, Monique, notre sorcière bien-aimée, avait fait le déplacement, trimbalant une fois n'est pas coutume, ses flacons dans son coffre pourtant surchargé de citrouilles, coloquintes et autres potirons. La soirée fut belle, émouvante même. Saint-Fiacre lui-même semblait tout retourné sur son piédestal. La lune était sereine et flirtait avec les nuages. Au loin, une hulotte chantait du côté de la fontaine. Ici, le pardon a lieu fin août. La mobilisation générale a permis de restaurer le charmant édifice. Ce village est beau dans la simplicité de ses longères. On s'est même dit que l'on reviendrait au prochain pardon. Etienne Le Borgne, de Kercado, accompagnait sa femme, un brin émus d'entendre ces chansons : sans doute se souvenait-il qu'il y a quelques décennies, c'est leur père qui menait le chant lors des assemblées locales que Dastum avait d'ailleurs enregistrées en 1967. Ce soir là, j'ai goûté les nouveaux parfums des flacons à Monique : rhubarbe et nèfles. Difficile de trouver ces vieux arbres. Seuls quelques anciens vergers en abritent. Ce fruit donne une superbe couleur boisée au délicat breuvage. J'ai d'ailleurs remarqué, lorsque je passe prendre un petit café à Kerléau, que la palette des couleurs de notre production associative s'étoffe. Il y a même un petit nouveau sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. C'est d'ailleurs l'endroit idéal pour les contempler, en fin d'après -midi. Le petit dernier est rose bonbon et ce sont des arbouses qui s'y délavent : aux dernières nouvelles, leur goût fadasse serait compensé par des morceaux de pommes acidulées. Vivement l'année prochaine. C'est Martine qui les a cueillies du côté du Poulbert.
Vous voyez donc que ce fut une belle semaine et chacun semble y avoir pris plaisir. Le programme qui s'est clôturé par un concert de Louis Capart et un superbe cochon de lait à Port-Louis aura été savoureux et pétillant comme le cidre de Kervihern dont je ne vous ai toujours pas parlé... ! C'est François Maho qui a repris la ferme et, à l'image de Jean Gauter, de Kerbellec, il a innové. Il s'est lancé dans la production d'un cidre fermier et dans celle, encore plus délicieuse, d'un Guillevic de derrière le fagot. Il fallait bien boire quelque chose avec nos châtaignes grillées l'autre soir à la veillée. Je suis donc passé le voir, histoire de l'aider à notre façon à faire valoir sa production. Sa maman nous a accueilli et nous a fait goûter le pommeau. Pas encore commercialisé, il devrait faire un tabac. La tradition évolue et c'est très bien comme çà. Cette semaine, la récolte avait débuté. François semblait tout heureux de nous faire visiter ses installations qui n'ont plus grand chose à voir avec le ti chistr d'autrefois.
En me rendant à Kervihern, dans le quartier du Moustoir, j'ai remarqué trois parcelles de blé noir. J'ai désormais compris pourquoi Lucien Pouédras insistait sur le rouge en peignant ces toiles. Les tiges ligneuses sont en effet d'un superbe rouge incarnat qui se révèle encore davantage après la coupe. Cidre et blé noir, j'étais bien au cœur d'une tradition culinaire. |
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