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<< Page de la semaine - Les pardons de chez nous >> Intron Santéz-Anna, ni hou ped a galon (Dame Sainte-Anne nous vous prions de tout cœur...) Toujours selon l’almanach de la mémoire et des coutumes de Bretagne de Claire Tiévant, une légende morbihannaise nous raconte pourquoi les menuisiers bretons avaient choisi Sainte Anne pour patronne. Le jour du grand pardon, le 26 juillet, ils avaient l'habitude de décorer leur porte de rubans de bois ornés de rubans colorés... ceci en particulier en pays Gallo. Le jour où charpentiers et menuisiers se séparèrent en Bretagne, les menuisiers abandonnèrent aux charpentiers leur patron Saint-Joseph et déléguèrent cinq d’entre eux pour négocier au paradis un nouveau saint patron. Saint-Pierre leur claqua la porte au nez en les traitant d’ânes. Sur le chemin du retour, dépités par un si mauvais accueil, ils adoptèrent la suggestion d’un des leurs qui avait réfléchi tout au long du parcours : Si Saint-Pierre nous a traité d’ânes, sans doute voulait-il dire que nous devions prendre Sainte-Anne pour patronne ! La suggestion fut adoptée à l’unanimité et voilà comment Sainte-Anne devint patronne des menuisiers. En tout cas, cette année encore, il y a eu du monde au pèlerinage... du petit peuple et du beau linge comme à l’accoutumée... monsieur le maire et son conseil, monsieur le député, monsieur le sénateur, monsieur le conseiller général qui comme à l'accoutumée viennent faire leurs dévotions à notre saint patronne. On les voit d’ailleurs en photo sur Ouest-France le lendemain, et même sur Le Télégramme. Il y a des vilaines langues qui disent qu’ils viennent se montrer aux côtés de monseigneur l’évêque de Vannes et que Sainte-Anne entend bien leurs prières car cela se voit le soir des élections. Cette année, le proverbe a menti. Il se dit en effet que le soir du 26, il pleut quelques gouttes : Sainte-Anne lave ainsi ses pavés. Certains esprits chagrins vous certifieront que le miracle s’est produit ou que la tradition a encore été respectée. Que nenni ! Il ne s'agirait que d'un pieux mensonge. Cette année, seules quelques gouttes de rosée auraient pu être confondues avec un misérable et hypothétique crachin. Pendant ce temps, dans les champs environnants, la moisson bat son plein et les nuits ronronnent de ces drôles de machines qui laissent sur le chaume, de gigantesques bottes de paille qui dorent comme des pains d’épices dès que le soleil daigne se montrer. Au fait, savez vous qu'à l'origine, les épis couvraient toute la tige du blé mais, que Dieu courroucé et déçu par les hommes, rifla le chaume presque jusqu’en haut de la tige pour ne laisser qu’un petit épi et peu de grains de blé. Et encore ! Si la sainte-Vierge n’était pas intervenue à temps, le geste de Dieu aurait privé à jamais, l’humanité du froment... En tout cas, on pourrait être en colère nous aussi après le Bon Dieu car le temps n’est guère terrible et il n'y a pas que les touristes qui pestent. Le Roi Stevan avait bien dit qu’il n’y aurait plus de saisons. Juillet ne laissera pas un impérissable souvenir et chacun espère de chaudes nuits d'été pour le mois d'août car l'humidité ambiante nous en a privé jusqu'alors. Le coucou est vite rentré et la complainte des tourterelles des bois, pourtant plus nombreuses cette année, rajoutent à la morosité ambiante. |
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