La maison du pays d'Auray porte le nom du Roi Stevan (ti er roué Stevan, en référence à un prophète mendiant qui vécut en pays vannetais au siècle des lumières, et qui marqua profondément la mémoire de ce pays. L'association Ram'Dam assure son animation, par des actions de collectage, mais aussi en suscitant des rencontres lors de manifestations comme les quartiers de lune. 

 

Chronique des murets de Pierre
Seihved suhun hañveg
Septième semaine de l'été
2 - 9 août 2002

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Rémi Kergosien et Didier Durassier à la noce bretonne de Lapaul

Le dimanche 4 août, il y avait la noce au bourg de Pluneret... comme chaque année, c'est désormais la tradition. Alors j’ai fait comme les mendiants parce qu’il y a toujours eu de la place pour eux à ces assemblées de campagne. C’est d’ailleurs à une de ces noces, du côté de Baden que notre compère,le Roi Stevan, a trouvé la mort. La légende affirme qu’au bourg de Plougoumelen, Stevan dit à un clerc : «Pauvre fiancée ! avant un an elle sera au fond de la tombe.» «Taisez-vous Stevan, on ne dit pas ces choses en public.»

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La lugubre prédiction circula immédiatement parmi les invités et la danse s'interrompit.

«Et un homme d'église sera la cause de ma mort.» poursuivit-il...

Sans répondre, le clerc fait signe à des enfants d’écarter l’importun vieillard. Ils l’écartent en effet, mais non contents de l’arracher à la noce, ils tiennent à s’amuser à ses dépens. Ils renversent une barrière sur le pauvre homme et, tirant alternativement par les deux bouts, le font rouler dans tous les sens.

Echappé à grand’peine des mains de ces garnements, il se traîne vers le village de Langario en Baden : Il s'y retire dans un four à pain où il est trouvé mort quelques heures plus tard, réalisant ainsi une de ses dernières prophéties.

«Eid on mé, ne varhuein nag en ti, nag er mez» (“Quant à moi, je ne mourrai ni dans une maison ni dehors”)

Je n’ai donc pas tenté le diable et plutôt que de jouer au prophète de mauvais augure, j’ai donné un coup de main à la plonge pour mériter mon repas : soupe de pain, pâté de campagne, bœuf gros sel et pommes de terre, un bon bout de far en dessert... me voilà bien calé pour la corvée. Trois chaudrons à alimenter pour l’eau chaude en plus des dix autres prévus pour la popote... c’est Firmin qui officie en grand maître du bœuf gros sel et de la potée qui fait la réputation de la noce... avec toutes les conséquences que cela implique... notamment le colossal nombre d'assiettes à laver...

 La noce bretonne à Lapaul (photo F. Dechezleprêtre, empruntée au site de Remi Kergosien, voir page de liens)

Le temps était de la partie mais le soleil éclatant de ce premier dimanche d'août ne parvenait pas à assurer le séchage des torchons, cadence oblige. En tout cas, on a bien rigolé et c’est toujours dans la bonne humeur que les pluches, la cuisine et la vaisselle se font : je me demande même si ce n’est pas plus drôle de participer de la sorte à cette fête populaire que d’y assister en simple spectateur. Ce qui est drôle, en tout cas, c’est que le sens même de la tradition a évolué. Présentée comme une reconstitution authentique des anciennes noces de Bretagne, c’est l’assemblée pluneretaine qui est devenue en elle-même une tradition et c’est sans doute au cours de cet événement annuel qui mobilise plusieurs centaines de bénévoles que les gens du pays se retrouve le mieux.

 Noce bretonne dans le pays d'Auray (carte ancienne empruntée au site de la commmune de Pluneret)

Il n’y a qu'à voir les tournées qui défilent aux bars. Cette fête donne l’opportunité à tout un chacun de se retrouver. Le fest-noz avec ses incontournables, inébranlables et inamovibles Sonerien-Du ne fait pas que le bonheur des danseurs ; il constitue tel un rite, la grande soirée des retrouvailles.


Voir des photos de la noce bretonne de Pluneret 2002 sur le site internet de la commune : http://www.pluneret.fr/ - Voir aussi le site de Rémi Kergosien où il évoque les traditions bretonnes des noces : http://perso.wanadoo.fr/remi.kergozien/krweb/noce00.htm